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Sandra Mistou-Chesa | Avril 2021

Projections, 2018

Série de 4 photographies 35x55, tirage jet d’encre sur papier

En travaillant sur l’autoportrait, j'ai rapidement pris conscience que mon corps intégrait l'environnement du quotidien dans mes photographies. Dans l'expérimentation de ce sujet, et par oppositions aux autoportraits classiques mêlant souvent l'espace de l'intérieur à l'intime, j'ai voulu travailler avec l'espace urbain en profitant des rues souvent vides la
nuit dans la ville Tarbes. Les autoportraits et portraits de cette série apparaissent sur divers supports de la ville le temps d’une
photographie. Ainsi, les images projetées sont directement assimilées à l'espace de monstration. Les scènes que l'on peut voir projetées montrent des interactions du corps féminin, d’une sexualité sans équivoque, se confrontant par sa forte visibilité a l'espace anonyme de la rue et plus largement celui de la société et de ses archétypes. Bien qu'incarner ce corps féminin montre ma démarche artistique et personnelle vis-à-vis des autoportraits, le dialogue qui naît de cette apposition d'images crée une tension entre l’interprétation des gestes de caractère érotique et un espace dépersonnalisé : celui de la rue.

Sandra Mistou-Chesa, Avril 2021

Lorsqu'on pense à l'idée du nu féminin, peuvent venir immédiatement à l'esprit les visions stéréotypées de corps chastes, aux allures de perfection posées qui ornent les musées. Tout au long de l'histoire se sont opposées à ces imageries les fantasmes teintés d'érotisme qu'ont exploré, en marge des salles de monstration, de nombreux artistes.

Cette douceur dans l'intime se retrouve dans le travail de Sandra Mistou-Chesa. Quelque chose de l'ordre de la nonchalance, d'une sexualité douce quoi que sans tabou. Dans cette prise de position assumée et frontale, l'artiste a su trouver une façon bien à elle de faire passer la pilulle. Ses photographies nous amènent souvent, comme elle le dit pour Forme(s), au coeur de ses draps, entre ses jambes, face à l'appareil photo. Du travail de Sandra Mistou-Chesa, nous sommes à la fois les partenaires, les amants, les voyeurs, les photographes. 

Cette série se propose d'interroger un tout autre espace. Elle place le regardant dans un cadre nouveau, et fait du support même de l'exposition le sujet de la mise en oeuvre. Ces chairs, remodelées par la ville, s'exposent dans une Tarbes désertée, presque sordide. La projection, brillant dans le noir comme un phare, focalise l'attention sur ce que la société rechigne à regarder. Dans le monde de la nuit viennent s'intégrer les images suaves et secrètes d'une sexualité intime, ignorée. Un hommage discret et puissant, oxymorique, presque, au corps des femmes, à leur pouvoir, à leur empowerment.

Luci Garcia

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