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Marianne Mispelaëre

« Pour moi, l’art est un outil pour mieux vivre »

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Le terme in-situ, lorsque je regarde votre travail, semble une évidence tant il est ancré dans la vie politique, la vie de la société. Comment investissez vous ce lieu, justement ?

 

Et bien en général quand on me demande des visites d’atelier, j’accepte avec plaisir mais par contre je dis toujours “attention il n’y a rien à voir” (rires). Cela peut être déceptif pour les gens qui s’attendent à voir un atelier avec pleins de choses accrochées au mur. Moi aussi j’ai des choses au mur bien sûr, mais ce sont des choses qui font partie de ma réflexion, des intuitions comme ça… Comme en général mon travail répond à des contextes, des architectures, et/ou s’adapte à des lieux, il est vrai qu’il n’y a que peu de choses que je termine à l’atelier. Tout prend corps dans les lieux d’exposition, dans la rue. Le lieu termine la pièce, vraiment.

 

C’est ce que je me disais, et c’est aussi pour cela que c’est intéressant malgré tout de visiter les ateliers, je trouve que le votre vous ressemble énormément ! Quelque chose de très neutre émane de ce lieu, qui rend l’endroit propice à plein de réflexions… Mais cela m’interroge : vous n’avez pas peur du mur blanc ? 

 

Non au contraire ! Le mur blanc la page blanche… Je ne comprends pas très bien ce que c’est, car il y a toujours quelque chose. Un mur blanc est encadré de tout un contexte, il y a déjà quelque chose. Ca n’existe pas un mur blanc en fait ! Je dirais même que pour moi, c’est toujours une première conversation.

 

Est ce que vous créez en collectif ? Je me souviens de cette action performative, intitulée No Man’s Land. Des intervenant.e.s  étaient invité.e.s à dessiner à l’intérieur de la paume de leur main et imprimaient sur une feuille, à la manière d’une empreinte digitale, ce dessin unique.

 

Je crois beaucoup aux élans collectifs. J'ai travaillé ainsi à plusieurs occasions. Quand je suis sortie des Beaux-Arts en 2012, j’ai toute de suite créé une maison d’édition. Notre transrevue rassemblait artistes, écrivain·es et scientifiques contemporains. C’est un projet collectif que j’ai entrepris durant 5 ans, et qui, en quelque sorte, était un processus artistique. Ce n’était pas un “boulot d’artiste”, mais je l’ai fait en tant qu’artiste.

 

Je commence actuellement un projet Nouveaux commanditaires*. Affilié à la Fondation de France, ce projet est justement basé sur la collaboration avec des citoyen.ne.s. Iels se posent des questions, repèrent un manque, ou un problème, un dysfonctionnement dans leur environnement, et font appel à un·e artiste qui va les épauler dans leurs réflexions. Ce dispositif soulève donc des questions extrêmement variées au sein de contextes qui le sont tout autant. L'artiste n'a pas vocation à les résoudre, mais plutôt à les ouvrir, à faire prendre à ces problématiques une autre dimension. Pour ma part, le projet que je développe se déroule à Marseille. Les commanditaires sont des professeur.e.s de lycée, de collège, des élèves, des parents d’élèves et des scientifiques du langage. La philosophe et académicienne Barbara Cassin est à l'initiative de cette commande ; son travail m'aide d'ailleurs beaucoup dans mes réflexions. Le projet interroge les langues comme objets migrateurs, la traduction comme enjeu politique. Il s'élabore en proche collaboration avec les enfants fréquentant ces établissements scolaires, à partir de leurs expériences propres des langues qu'iels pratiques. J'interviens en me posant ces questions : qu’est ce que cela veut dire, parler plusieurs langues ? Que dit la langue que nous ne disons pas ? Comment notre (nos) langue(s) nous construit(-sent)? Marseille étant historiquement une ville d’immigration, énormément de langues y ont toujours été parlées. Beaucoup de marseillais·es. vivent dans ce va-et-vient qu'est la traduction. Par extension, dans les collèges et lycées où j’interviens, les enfants sont quasiment tou.te.s polyglottes. Certains enfants en ont honte, à vrai dire ! Je me suis vite aperçue qu’iels sont très conscient.e.s de tous les débats en France autour de “l’identité nationale”, et iels voient bien qu’iels ne collent pas avec cette idée qu’on tente de fourrer dans notre psychée collective. Pour eux.elles, l’école c’est le français. Iels ont honte de parler la langue qu’iels parlent à la maison. D’autres, au contraire, prétendent parler une langue qu’iels ne pratiquent pas. Je suis là pour articuler ces choses dans leurs tête, autour de ces notions d'identité. Je donne ici la parole à des enfants à qui on ne la donne pas, que l’on n’invite jamais à s’exprimer sur les sujets que je mobilise. Pourtant les premiers concerné·es, du fait de l’expérience migratoire qu’iels ont vécue ou qui leur a été transmise, iels seront mené·es à s’interroger sur ce va-et-vient qu’est la traduction, et par là même, sur les concepts de culture, de pouvoir et d’identité. J’aimerais leur faire comprendre qu’une langue, ce n’est pas que des mots. Cela fait appel à tout un imaginaire, à l’Histoire, à une multitudes de récits, de narrations. Les langues sont des visions du monde, des façons de penser (et donc d’agir.). Une langue nous construit.

C’est d’ailleurs de cela que traite le dernier article que vous avez publié sur votre site. Vous y présentez, sous la forme d’une vidéo, le projet que vous préparez, ainsi qu’une série d’échanges filmés en compagnie des élèves avec lesquels vous allez travailler.

 

Oui, en effet, nous en sommes aux prémices. Pendant le confinement j’ai en effet échangé avec certain.e.s d’entre eux.elles. Je suis allée à Marseille en juin pour rencontrer les élèves et entre septembre et décembre, je vais y retourner plusieurs fois. Le projet est de l'ordre de l'expérience et du processus, basé sur l'échange et la discussion. Une oeuvre protocolaire sera générée de ces rencontres, elle va véritablement naître de la rencontre entre mes connaissances, mes expériences et les pratiques langagières des élèves. Si les élèves sont associé.e.s de près à des ateliers ou sessions de travail, dans une démarche pensée collaborativement, ma proposition n’est à aucun moment un simple outil pédagogique. Les professeur.e.s pourront activer le protocole dans les années futures, mais ils ne seront pas les seul.e.s : la pièce pourra être investie par différentes personnes et dans des cadres divers.

 

Cette volonté de pédagogie, de transmission, dont vous nous parlez, la traduisez vous dans vos propositions plastiques ?

 

Le métier d'artiste est, à mes yeux, fondamentalement un métier de transmission. Transmission de questions plutôt que de réponses. Et en effet : j’ai plein de questions ! Si l’art permet de mieux comprendre les enjeux de notre monde, je le pense - dans le cadre du projet à Marseille - comme un «outil» capable d’apaiser des réalités vécues, non pas en résolvant les problématiques soulevées, mais plutôt en ouvrant les questions, en rendant les certitudes plurielles, les identités liquides, en activant l’histoire et en déconstruisant les mécanismes de l’« identité nationale ». En s’interrogeant sur la traduction et sur le multilinguisme, ce sont les normes auxquelles nos vies répondent que je tente d’analyser. D’ailleurs, dire que l’art est un outil est souvent vu comme quelque chose d’un peu vulgaire, mais je suis à l’aise avec cette affirmation. 

C’est un outil pour à la fois observer le monde, pour mieux le comprendre et pour mieux appréhender les autres. Pour moi, l’art est un outil pour mieux vivre.

Dans le texte Histoire de fantômes pour grandes personnes, vous parlez de créer des espaces, des interstices, à défaut de pouvoir se mouler aux espaces que propose la société. L’art, pour vous, est il cet espace interstitiel ?

 

Oui, s’engouffrer dans les fissures en fait. Même s’il ne s’agit pas de les créer - elles existent déjà je crois. L’art est là pour s’engouffrer. Voir les choses frontalement consiste, il me semble, à avoir une vision simpliste des choses. Travailler en et sur la périphérie me permet justement de voir clairement le centre : parler d'un sujet par ses abords, ses silences, ses absences, ses discrétions, c'est pour moi l'occasion de m'interroger sur le monde auquel j'appartiens et je fais face.

 

A l’occasion du Workshop où j’ai découvert votre oeuvre, j’avais été très touchée par la performance Rencontre séparation. Durant cette action, vous scindez en deux des feuilles de papier avec un pinceau aquarelle imbibé d’eau. Il y a quelque chose de sismique dans ce travail qui est malgré sa douceur et sa subtilité très violent. Une force est à l’oeuvre ici, une force terrestre. Paradoxalement, vous faites très souvent appel à des matériaux d’une grande fragilité, dont les propriétés techniques évoquent presque l’éphémère. Est ce une volonté de votre part ?

 

J’aime énormément les contradictions. Pas celles qui se confrontent mais celles qui se complètent. Une pièce est réussie quand j’arrive à associer cette force et cette fragilité. j’essaie de faire coexister ces forces dans chacunes de mes pièces, c’est très important pour moi. Je tente de trouver des moyens de parler de violence via une forme de "douceur", d'exécuter des gestes à la fois extrêmement fluides tout en parlant de quelque chose de… Vous avez utilisé un mot intéressant, celui de terrestre. C’est vraiment ça.

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Oui, et cet aspect de “double vision”, de double lecture, nous en avions déjà parlé par email dans le rapport au.à la spectateur.rice. Je pense à l’affirmation de Boccaccio, selon laquelle “il y aura toujours quelque chose de sous entendu, d’inachevable à la fois dans sa manifestation par l’artiste et dans sa lecture par ceux qui fréquentent l’oeuvre.”. Au départ, la pièce est là, et nous avons juste à la ressentir, à capter cette force, à puiser quelque chose en elle. Si par la suite nous ressentons le besoin d’explications, on peut lire l’encart et s’ouvrir à la vision de l’artiste. Est ce que vous avez rencontré les expériences de spectateurs qui vous ont donné une vision de votre oeuvre que vous n’auriez jamais imaginé ?

 

Pour rebondir sur ce que vous disiez, je rencontre parfois des gens qui me disent "l'art ce n'est pas pour moi". D'après ce que j'ai pu observer, il est souvent plutôt question d'auto-censure. "S'autoriser à" apprécier, penser ou pratiquer des formes artistiques, "juste ressentir" comme vous dites, consiste en un vrai travail sur soi et ses constructions mentales. Iels voient cela comme quelque chose qui appartiendrait à une classe supérieure. Une vision un peu XIXème finalement. En fait on peut aussi aimer quelque chose parce qu’il nous parle de notre vie d’une façon toute nouvelle, et ce sans avoir besoin de posséder un bagage culturel spécifique ! Une oeuvre peut avoir plusieurs approches, l'art est un vaste champ sémiotique... J’estime erroné de n’envisager la création artistique qu’en terme de divertissement ou de pure satisfaction esthétique. A mes yeux, l’apport de l’art est plus profond que cela. La beauté est porteuse de sens, les deux choses ne sont pas séparables. J'aimerais que les gens s’autorisent à penser que l’art peut les aider à mieux vivre, à mieux appréhender les choses, concrètement. Encore une fois, je ne dis pas que l’art est la réponse à tout, au contraire !

Pour répondre plus précisément à votre question, je pense immédiatement à quelque chose qui m’a beaucoup touchée. Suite à la réalisation de l’action performative de dessin Mesurer les actes au FRAC Lorraine de Metz, une personne était venue m’accoster le lendemain, alors que je me promenais dans la ville. Elle m’a confié qu’une de ses proches amies était décédée récemment, et qu’assistant à la performance, elle avait perçu ce décompte de minutes dans un rapport à la mort. Je ne l’avais jamais vu comme ça. J’avais été bouleversée de constater à quel point la lecture d’une oeuvre peut échapper à l’artiste.

 

L’oeuvre est presque un vecteur de sensibilité émotionnelle… Une question me vient alors que nous parlons : Avez vous déjà pensé à inclure la forme de l’écriture de l’autre, dans votre travail ? Je pense à Sophie Calle, par exemple, qui publie les livres d’or de ses expositions.

 

Je n’ai jamais travaillé sur les graphies d’autres personnes, ni sur la manière dont je peux les exploiter plastiquement. Ce n’est pas impossible que cela arrive, cependant.

Dans une interview qu’elle donne sur France Culture, Sophie Calle dit que son travail part toujours d’un mot, d’une expression. Est-ce le cas pour vous ?

 

Non, je ne pars pas d’un mot, mais par contre j’écris beaucoup quand je travaille sur une pièce. Je prends beaucoup de notes. J’y pense tout le temps, donc je prends des notes qui se contredisent, qui font avancer le projet. Je réalise aussi beaucoup de cartes mentales pour élaborer des pièces. Donc je ne dirais pas que je pars d’un mot, mais je pars de plusieurs mots. C’est par l’écriture que je travaille. Un peintre va faire un carnet d’esquisses pour préparer sa peinture ; moi, mes esquisses ce sont mes notes.

 

Les titres que vous proposez sont des graines d’indices qui aident à la lecture de vos pièces. J’imagine que c’est capital, pour vous, de trouver LE bon titre ?

 

Oui, le titre c’est toujours compliqué (rires) ! Soit il est là tout de suite, et m’accompagne toute la réflexion durant, soit au contraire, je demeure insatisfaite jusqu’au point de le changer. Il est arrivé que je commence à diffuser une pièce, et que son nom change. Le titre est très important car cela doit être simple tout en résonnant avec l’ensemble des couches depuis lesquelles l’oeuvre a été pensée.

 

Dans plusieurs de vos pièces, vous revendiquez sans dégrader. Je pense au travail que nous avons réalisé lors du workshop que vous avez présenté à la Sorbonne, où nous avions “tagué” les murs en les nettoyant. La pièce que vous avez réalisé sur les murs de Baltimore en est d’ailleurs un autre exemple. Il me semble que votre travail est une révolte douce, qui invite à s’asseoir ensemble et à parler.

 

Effectivement, douce mais non moins puissante ! Je vais vous raconter une anecdote. Il y a trois ans, je suis allée à Standing Rock, une réserve indienne aux Etats Unis. En 2016, ont eu lieu de grandes révoltes des populations locales qui se sont dressées contre la mise en place d’un pipeline qui menaçait, en traversant leur réserve et terres sacrées, de polluer la rivière Missouri et toutes les réserves d’eau potable. Chose extraordinaire, les indien.ne.s ont fait entendre leurs voix, iels se sont révolté.es, ce qui n’était plus arrivé depuis les années 60 . Et cette révolte a rassemblé beaucoup de gens qui au départ n’avaient rien en commun. Autochtones, vétérans, écologistes,  partageaient un même sentiment : celui d'être abandonné par le gouvernement américain. En somme, tout un tas de gens qui, a priori, ne se rencontrent jamais. Là bas, j’ai rencontré une indienne Lakota qui s’est jointe au chant de révolte. Depuis des années, cette femme crée des outils pédagogiques pour apprendre les langues Lakotas aux jeunes générations. C’est une personne qui est allée sur les barricades, mais elle lutte aussi, d’une manière tout aussi importante, contre la disparition de sa culture et par là même, contre le système de domination que cette disparition incarne. Pour moi, l’un est aussi fort que l’autre, sauf que l’un se place sur une éphémérité, un temps présent, tandis que l’autre parle du futur, et impose une temporalité plus longue. Développer des outils de transmission, c’est très puissant en terme de revendication. Je me situe plus de ce côté là.

Est-ce important que votre travail artistique soit à l’origine d’un dialogue ?

 

Oui bien sûr, c’est même le but, d’ouvrir une discussion. Je le fais pour ça en tout cas. pour ouvrir des interrogations, pour peut-être changer de point de vue. C’est pour ça que j’aime bien les vernissages, pour discuter avec les gens de ma proposition. C’est un moment important. Non pas pour se mettre au centre mais au contraire pour rencontrer des gens qui ne sont pas d’accord, des gens qui vont se poser des questions suite à l’exposition.

 

Il y a quelque chose de formidablement intéressant dans cette démarche autour de la parole, autour du signifié, autour de l’écriture. C’est comme venir s’inscrire dans ce qui fonde notre Histoire (l’écriture), et finalement notre Humanité, qu’en pensez vous ?

 

Oui, tout à l’heure vous parliez d’une certaine approche primaire de la vie, et c’est tout à fait ça. J’essaie de m’interroger sur ce qui fait de nous des êtres. Sur ce qui nous met en relation. Sur ce côtoiement qui précède toute relation. Nous vivons ensemble, côte à côte, littéralement. A priori, il n’y a rien à faire, tout est là, il suffit de le traduire.

Mon action, en tant qu'artiste consiste en une "observation active". Je négocie avec ce qui est déjà là. Je crois qu’au final un·e artiste ne crée pas grand chose. Iel est un témoin, un observateur, Iel recadre et/ou déplace pour montrer, pour partager ses observations.

Dans le texte Arachnée, que vous constituez en 2018 pour la revue N/Z, on retrouve ce rassemblement d’images, ces recadrages et déplacements qui ne sont d’ailleurs pas sans évoquer l’Atlas Mnémosyne d’Aby Warburg…

 

En effet, je crois que l’artiste, plutôt que créer, révèle. Iel déplace des éléments, iel les souligne… En tant qu’artiste censée produire images et objets, il me semble indispensable aujourd’hui de réfléchir à ce que notre monde génère. Dans un monde qui contient déjà tellement d'images/d'objets, dont le stockage/recyclage pose "déjà" problème, quelle est notre légitimité à en produire encore plus ? Pourquoi ne pas redistribuer les cartes et repenser nos modes d’observation et de production ? Les images sont partout. Elles nous encombrent, polluent nos champs visuels. Au lieu de les subir, je digère les images. J'agis sur ce qui nous étouffe. Par exemple, le projet de recherche "Silent Slogan" s'articule par la citation de photographies préexistantes. Cette interrogation me suit depuis mes études, et m’a longtemps mise mal à l’aise par rapport au fait de devenir artiste… Pourquoi rajouter des choses en ce monde ? Ne serait-il pas plus cohérent de ne laisser aucune trace de notre passage ?

Et finalement votre travail ressemble à une pause. Une inspiration après l’apnée… Ce que je vais dire est certes très subjectif, mais je trouve vos oeuvres apaisantes. Votre atelier est d’ailleurs à cette image, un espace qui laisse l’esprit vagabonder. Avez vous conscience de ce phénomène “reposant” ? Je l’écrirais même re-pause-ant.

 

Faire du bien, accompagner à bien vivre, faire souffler, cela me va ! (rires) Les moments de pause, de ralentissement ou d'éloignement, sont créatifs quand ils permettent de digérer ce dont nous faisons l'expérience. Je vais essayer d'expliquer mon propos par une métaphore. La lecture d'un livre se fait rarement d'une seule traite. Le livre reste présent en nous dans les interstices de sa lecture, pendant les pauses : on y pense, il agit sur nous alors que la vie réelle et concrète nous emporte. Les pauses permettent de prolonger la lecture en quelque sorte. Peut être est-ce mon caractère qui se retrouve dans mon travail. Je déteste être sur-sollicitée, j’aime bien prendre le temps de m'intéresser aux choses. En tous cas, si d’autre ressentent cette idée de suspension dans la vie, c’est tant mieux.

Dialogue conduit par Luci Garcia

 *Marseille. Les langues comme objets migrateurs" dans le cadre de l’action Nouveaux commanditaires soutenue par la Fondation de France. Médiation – production : thankyouforcoming. Commanditaires : enseignants, élèves, parents d'élèves de Marseille, professionnel.les des langues.

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