

Violaine Desportes | Septembre 2022
Autopsie, 2020-2021
Série de 25 dessins, Graphite et pierre noire sur papier, 27 x 26 cm

Photograhie de la trousse de l'artiste
Violaine Desportes pour Forme(s), Septembre 2022
La série Autopsie s’inscrit dans une volonté portraitique qu’entreprend l’artiste et enseignante Violaine Desportes avec son projet Un collège de France.
25 trousses, 25 lieux de fouilles pour 25 élèves : une classe. La disposition est frontale, presque chirurgicale. D’ailleurs, le titre, évocateur, convoque les images d’une dissection minutieuse, une ouverture organique sur ces portraits métaphoriques d’élèves de l’artiste. Que disent les objets de leurs propriétaires ? Violaine Desportes isole des tranches de réel à la manière d’une scientifique. En lieu et place du scalpel, la pointe du crayon, aiguisée, saisit le moindre détail, la plus subtile variation, prélevant des indices délicats. “Qui es-tu ?” interroge l’enseignante ; c'est l’artiste qui s'efforce de chercher des pistes de réponse.
Chaque trousse, représentée avec une extrême précision, révèle des secrets, une intimité confondante et douce. Un bonbon, deux marrons, un mot d’amour… Violaine Desportes nous donne accès à des fragments décortiqués, creusant le paradoxe entre la froideur du dessin d’observation et l’infinie délicatesse des objets représentés.
Dans son ouvrage Vies Oubliées, Arlette Farge écrit :
“Ici, pas de corpus, mais des archives du dehors, comme des faisceaux de sens, des débuts de compréhension ou bien des ailleurs ignorés qui racontent la multiplicité des formes et des dérives de la vie”



En posant sa mine sur des objets qui peuvent paraître banals au premier abord, Violaine
Desportes souligne à la fois la beauté de chaque individu et la capacité des objets à se faire les véhicules de sensibilités, les témoins des multiples réalités de la vie de collégien. Chaque trousse expose avec précision la complexité de chaque être, la différence bénéfique, l’insondable intrication de l’expérience humaine.
Luci Garcia